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 Le sang sur tes mains, les chaînes à ta gorge [Sibille - Alessandre]

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Sibille Asinis
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Sibille Asinis
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MessageSujet: Le sang sur tes mains, les chaînes à ta gorge [Sibille - Alessandre]   Le sang sur tes mains, les chaînes à ta gorge [Sibille - Alessandre] Icon_minitimeMar 9 Juil - 23:02

LE SANG SUR TES MAINS
LES CHAÎNES A TA GORGE


Sibille – Alessandre




Les mots avaient glissé sur le papier avec une facilité déconcertante et Sibille avait laissé son venin s’envoler jusqu’aux Seascannes, porté par les ailes noires de ce qui fut un jour l’un des oiseaux de Nox. Que le soi-disant Baron se rappelle d’où était sa place, qu’il entende les mots de la Reine, ses menaces à peine voilées. S’il refusait de se plier, les Sangéravs qu’il pensait incapables de le rejoindre viendraient brûler jusqu’au dernier de ses hommes, chaque parcelle de ce qu’il appelait sa terre alors même qu’elle ne lui revenait en rien.
Un imposteur, un malfrat qui croyait pouvoir, sous le règne de la Carmine, s’emparer d’une région et s’autoproclamer Baron. Elle lui avait rappelé chacun de ses titres, à elle, ne considérant ceux d’Eiti que comme de simples surnoms – puis l’avait invité à la Cour. Qu’il vienne et qu’il comprenne par lui-même ce que serait Nokrov sous son joug.

Des traîtres l’avaient peut-être aidée à renverser le tigre, mais elle ne tolérerait le même comportement à son égard. Les félons seraient égorgés, tous jusqu’au dernier. Et ne resterait qu’elle, sur son trône tout souillé du sang de ses ennemis – et ses plus fidèles alliés.

Observant le corbeau qui s’élevait dans les cieux, esquivant habilement les chiens de garde des Asinis, Sibille sourit en coin. Oui, Eiti comprendrait. Et il se rangerait, en bon chien, comme l’avait fait Alessandre. Son regard changea en pensant à lui, à l’amour qu’elle lui portait. Elle ne voulait au départ que le sacrifier – Mageia l’avait expressément demandé mais, pour la première fois de sa vie, la Carmine avait désobéi. Elle s’était amourachée, s’était attachée à lui, et lui faisait confiance. D’ici peu, leur union serait célébrée, suivie du couronnement du Roi Consort.
Elle entendit des pas derrière elle, une course étouffée par la légèreté du petit oiseau qui lui portait quelques nouvelles du monde, et se retourna. Un enfant au teint pâle, les joues seulement rougies par la cavalcade, venait à elle. Sibille sourit le plus mièvrement du monde, ses yeux froids lui intimant pourtant de parler ; et vite.

Vot’ Majesté, dit-il en s’inclinant maladroitement.
Qu’est-ce qu’il y a ?

Son ton était froid, et peu lui importait qu’il ne soit qu’un gamin des rues qu’elle avait pris à son service. Elle n’avait que peu de temps. Elle n’avait jamais le temps de flâner depuis que le Royaume était sous son joug. Tout était à refaire, les Iseal avaient tout ravagé par leur stupidité.

C’est ser Alessandre, m’dame. Il était au Coq Enchanteur hier.

La Reine poussa un long soupir mais resta calme. Elle se tourna lentement vers la fenêtre, observant l’horizon. Le corbeau avait déjà disparu, portant avec lui messages et menaces. Une autre suivrait. Ses yeux retombèrent sur la cour où deux Sangéravs hurlaient, s’arrachant les miettes de leur dernier repas. Elle ne se tourna même pas vers le garçon en reprenant.

Fais convoquer Alessandre et va me chercher la putain. Je crois qu’il est temps de nourrir les Sangéravs.
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Alessandre Adiant
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Alessandre Adiant
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MessageSujet: Re: Le sang sur tes mains, les chaînes à ta gorge [Sibille - Alessandre]   Le sang sur tes mains, les chaînes à ta gorge [Sibille - Alessandre] Icon_minitimeMar 9 Juil - 23:46

LE SANG SUR TES MAINS
LES CHAÎNES A TA GORGE




Sibille – Alessandre








Il avait sourit le fou. Il avait gardé la tête haute, l'air banin. Il s'était amusé de la cour, avait regardé Togos être le parfait pantin d'un monde trop grand pour lui. Il s'était entrainé, avait taché son épée de sang, avait apprit à d'autres les leçons qu'il ne méritait pas. Le soir même, il avait fermé les yeux à nouveau aux côtés de sa dulciné. Le couronnement se rapprochait, la peur lui broyait encore les entrailles mais il entendait toujours les paroles de Luva dans son esprit. Il avait choisi son camp. Il avait choisi la Carmine, il avait choisi la Rouge.

Et toujours pas de nouvelles des corbeaux qu'il attendait pourtant avec autant d'effroi que d'envie. Alyssa était certainement morte maintenant. Depuis combien de semaines avait-elle disparu, emportée sur un bateau trop lointain, engloutie par la mer. Il refusait pourtant d'y croire. Elle était une Adiant, avait l'eau dans ses veines et l'océan dans ses yeux. Un naufrage ne pourrait rien contre la fille du griffon.

Il observait le corbeau qui s'élevait dans les cieux, échappant au regard gourmand des Sangerav lorsqu'un gamin vient le chercher, les joues rougies par sa course. Sibille le demandait et elle envoyait ses araignées, ces déchets qui grouillaient dans les sous terrains. Immédiatement, le chevalier sut que ce n'était pas bon signe. Et, devant la porte de la chambre de sa belle, il offrait une dernière prière muette à Mageia.

Il entra, sourire accroché à ses lèvres, perdant toute trace du pleutre qu'il cachait dans ses veines. Devant Sibille, le masque ne se fissurait jamais. Il était toujours cet homme qu'elle avait rencontré, ce bellatre auquel aucune femme ne pouvaient se gausser de résister. Que cet imbécile tombé amoureux trop vite. Trop fort.

Une fois de plus, il s'empara de sa beauté, se goinfra de ses yeux de glaces, de ses traits parfaits, de ses formes alléchantes. Sibille le rendait fou. Aussi bien de délires que d'inconscience.

Tu voulais me voir ? tenta-t-il.

Il n'eut pas le temps d'aller plus loin, de tenter sourire charmeur et regard profond. La porte s'ouvrit sur un Togos agrippant une catin. Sa catin. Nova. Non, ce n'était pas son nom. Ce n'était pas elle. La prostituée portait encore les traces du chatiment du griffon, les marques rouges et noir sur sa peau blanche. Ses cheveux blonds n'étaient plus aussi brouillon que la veille. Il avait été tressé, dévoilant ses traits qui n'avaient finalement plus tant à voir avec l'ancienne princesse. Alessandre ne la voyait plus.
Ses démons étaient morts.

Si c'est pour me présenter à une pute, je la connais déjà. railla-t-il.

Le griffon avait eu ses habitudes; Ses souvenirs... Ses mensonges actuels.

[/quote]
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Sibille Asinis
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Sibille Asinis
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MessageSujet: Re: Le sang sur tes mains, les chaînes à ta gorge [Sibille - Alessandre]   Le sang sur tes mains, les chaînes à ta gorge [Sibille - Alessandre] Icon_minitimeMer 10 Juil - 0:58

LE SANG SUR TES MAINS
LES CHAÎNES A TA GORGE



Sibille – Alessandre





Il obéit, bon chien qu’il était. Alessandre lui apparut alors même que Togos n’attendait qu’un geste de sa part, un mot pour approcher celle que la jeune Reine jugeait coupable de félonie. Sibille esquissa un simple geste du doigt vers l’ancien commandant de la garde luxienne, qui poussa Eris vers l’autre traître.

Oui, tu la connais déjà, souffla Sibille.

Elle s’approcha de lui d’un pas, sa main vint se joindre à la sienne, remonta le long de son bras alors qu’elle s’avançait lentement. Et passant derrière lui, ses doigts vinrent caresser l’épaule et le cou de son amant. Elle approcha son visage de sa peau, en huma l’odeur qui empestait la trahison et l’embrassa à peine, murmurant à son oreille.

Et c’est un problème. Je n’aime pas que l’on me trahisse.

La raillerie dans la voix du chevalier l’exaspérait, mais l’amour en son regard la rassurait un peu. Il l’aimait. Et Sibille, se sachant pourtant cruelle, n’aurait su trahir quelqu’un qu’elle aimait. Alors si le bon chien devenait jeune chien fou, elle devait lui rappeler ce qu’il en coûtait que de se rebeller. Elle le reprit par la main, fit un geste de la tête vers Togos.
Celui-ci saisit plus fermement Eris par les épaules, l’emmenant à travers un escalier dans lequel la Reine s’engagea aussi, entraînant avec elle son futur époux.

La cour principale était remplie de tous les vassaux qui étaient déjà parvenus à la Cour – des fidèles et d’autres sceptiques se trouvaient là, observant celle qui avait promis de les guider dans la voie du sang et de la lumière – la vraie lumière. Pas celle de cette fausse déesse que l’on nommait Lux ; celle de la Sanglante, la Rouge, la déesse qui parfaitement s’assumait.
Sibille observa les visages excités ou apeurés, capta les regards qui tous frémissaient dans l’attente de ce qui arriverait. Et au cœur de l’immense cercle que formaient les courtisans, les deux Sangéravs affamés attendaient leur maîtresse, se rugissant toujours l’un après l’autre alors qu’ils avaient terminé leur précédent repas.

Aïma, Fotia, appela la Reine.

Les deux créatures levèrent la tête, tournèrent leurs gueules immenses vers la foule qui s’écartait déjà pour laisser passer leur souveraine. Sibille marcha vivement jusqu’à eux, sourit tandis que le grognement qu’émettaient les deux Sangéravs s’apaisait, qu’ils approchaient leur goule osseuse d’elle. Elle tendit la main, les caressa l’un après l’autre avant de tourner son sourire et son regard, tous deux baignés d’audace, vers Alessandre.

Toutes deux attendent un petit. Il faut bien les nourrir à moins qu’elles ne s’entretuent ou ne provoquent un massacre, dit-elle en détachant chaque mot.

Ses doigts continuèrent de caresser Aïma, une sangérav aux écailles rouges comme le sang, tandis que grondait à ses côtés Fotia, dont le nom venait du feu en raison de ses squames allant du jaune au rouge, passant par la teinte violine du reflet des flammes. Sibille délaissa ses créatures pour se tourner vers son peuple, les affrontant tous de son regard de givre.

Peuple de Talumen, mes chers vassaux et courtisans, vous n’êtes pas sans savoir ô combien j’abhorre les traîtres. Et j’ai appris que dans ma cité se terrait la plus vile des créatures, une femme qui ose me défier et saper mon autorité. Et c’est donc pour l’exemple que je rends ce jugement aujourd’hui ; Eris, putain des bas quartiers, tu es coupable de félonie. Et pour ce crime, je te condamne à mort. Togos !

Le soldat la rejoignit aussitôt, poussant la putain qui braillait vers la Reine. Celle-ci la saisit à son tour par les épaules, lui souriant à pleines dents alors qu’elle la sentait tremblante entre ses mains. Ses yeux fous, taillés dans les glaces du nord, ne renvoyaient que la haine et le mépris qu’elle éprouvait pour cette femme. Elle approcha son visage du sien, baigné de larmes – elle était devenue si laide.

Voilà ce qu’il en coûte de s’en prendre à moi. Voilà ce qu’il en coûte de s’approcher de ce qui m’appartient. Et j’espère que toutes tes amies catins comprendront aussi le message : Alessandre est à moi, murmura-t-elle.

Puis elle échangea leurs positions, faisant face aux Sangéravs et leur jetant la pauvre demoiselle. Celle-ci s’écroula au sol, hurlant et pleurant.

Mangez, mes petites.

Comme un cri de jalousie venant percer le ciel, le plus gros des Sangéravs hurla en survolant sa maîtresse. Elle le suivit du regard, souriant sous l’ombre rassurante d’Aithntaïs, puis ses yeux retombèrent sur Alessandre, comme une menace tandis que derrière elle, les deux créatures se jetaient sur Eris dans des craquements d’os sous leurs crocs et des hurlements sous leurs morsures. Elles ne la tueraient de suite – les Sangéravs étaient joueurs.
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Alessandre Adiant
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MessageSujet: Re: Le sang sur tes mains, les chaînes à ta gorge [Sibille - Alessandre]   Le sang sur tes mains, les chaînes à ta gorge [Sibille - Alessandre] Icon_minitimeMer 10 Juil - 8:03

LE SANG SUR TES MAINS
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Sibille – Alessandre
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Son simple contact le fit frisonner mais se furent ses mots, plus encore que le reste, qui offrit une question dans les yeux du chevalier. La glace ne le voyait déjà plus, tout offerte à la haine et la rage. Depuis qu'elle avait embrassé pour de bon ses pouvoirs, Sibille avait changé, Sibille était devenue un monstre qu'Alessandre n'avait jusqu'ici pas vu. Jamais vu.

Il aurait aimé la faire taire alors qu'elle savait parfaitement qu'il l'aimait bien trop pour la trahir. Il aurait aimé lui imposer le silence, comme il l’imposait aux catins, comme il l'ordonnait dans le silence de ses nuits. Mais il n'était pas encore roi. Ne le serait jamais vraiment. La couronne était à Sibille, lui ne ferait que la partager. Le souffle du chevalier se bloqua, l'océan de ses yeux se chargea. Mais il ne dit rien, ne murmura pas le moindre mot. A quoi bon essayer de sauver la vie d'une catin qui ne valait pas grand chose ? Il ne prendrait pas de risque pour une existence aussi futile.

Eris ne regardait pourtant que lui, n'attendait qu'une seule de ses réactions, des larmes plein le visage. Celui du roi restait de marbre, écoutant seulement le chuintement désagréable des Sangeravs. Ils semblaient grosses chauves souris répugnantes ainsi sous le soleil de Mageia. Ils n'avaient rien des dragons. Plus une seule trace.


Sibille n'avait plus de pitié. Son pantin, sa marionnette de magie lui offrit la catin et Alessandre ne détourna pas les yeux. Cela ne servait à rien. Cela ne ferait que montrer un peu plus sa faiblesse, sa douloureuse prise de conscience. La Carmine était une femme dangereuse et il risquait tout autant que les autres. Elle considérait comme trahison des mots et des actes qui n'en étaient pas; Elle considérait comme crime le simple fait de réfléchir. Le menton haut, les traits glacés, Alessandre attendait. Il ne détourna pas les yeux alors qu'Eris tombait devant les monstres. Il ne détourna pas les yeux alors qu'il croisa ceux de la catin, qui suppliait dans un dernier beuglement. Il ne détourna pas les yeux alors que les premières giclées de sang coulaient. S'aurait été trop facile. Sibille faisait ça pour lui.

Et l'horreur n'avait qu'un seul maitre ce jour.

Il déglutit alors qu'elle revenait à ses côtés, lui refusant contact et geste tendre. Devant les vassaux horrifiés, il ne se permettait plus d'être humain. Son coeur, qui hurlait dans sa poitrine, n'était plus qu'un lointain souvenir d'autre temps. Finalement, les terres des griffons lui manquaient. Finalement, son monde, loin des ténèbres et de l'horreur lui manquaient.
Et alors que seul les craquements d'os remplissaient l'air, il se tourna vers Sibille. Dans ses yeux luisaient la rage, dans ses traits régnait la colère. Mais son corps et ses poings ne laissaient rien apparaître. Pas devant les vassaux. Pas devant leurs gens.

C'est donc ainsi que tu montres l'exemple. C'est moi que tu aurais dû offrir à tes créatures, pas cette gamine. La glace du Nord avait remplacé l'écume de l'Est, coulant dans ses veines avec plus de forces que jamais. Fait de ton règne à charrier Sibille. Mais on ne peut pas gouverner par la peur. Le chien qu'on bat fini toujours par mordre.

Il tourna alors les talons. Elle savait où le rejoindre et ce ne serait devant les vassaux qu'ils parleraient. Car Alessandre ne se permettrait jamais de saper l'autorité de celle qu'il avait reconnu comme reine bien avant les autres devant ceux qu'elle devait contrôler d'une main de maître. Le griffon voulait bien de ce rôle de conseillé qu'elle lui avait offert en lui laissant sa conscience. Il ne voudrait jamais de celui d'esclave.

Alors, dans la salle du conseil, loin des yeux avides et des oreilles attentives, il l'attendait. Pour mieux voir s'abattre sur lui les foudres de sa belle. Il ne craignait plus les mots, ne craignait plus rien. Sa famille était morte et seule Sibille restait telle l'unique lumière dans les ténèbres où il se perdait. Seule elle. Qui n'avait pas le droit de sombrer à son tour dans la folie.


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Sibille Asinis
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Sibille Asinis
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MessageSujet: Re: Le sang sur tes mains, les chaînes à ta gorge [Sibille - Alessandre]   Le sang sur tes mains, les chaînes à ta gorge [Sibille - Alessandre] Icon_minitimeDim 14 Juil - 18:27

LE SANG SUR TES MAINS
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Sibille – Alessandre






Les créatures sanglantes déchiquetaient la pauvre putain derrière elle tandis que Sibille avançait lentement vers Alessandre, rejoignant celui qu’elle aimait. D’une voix basse et d’un ton de glace, il lui rappela ce qui arrivait à ceux qui gouvernaient par la peur. Et si ses mots heurtèrent la Reine, elle ne se départit pas de son sourire victorieux, gardant ses yeux de givre plantés dans ceux, tout de rage faits, de son amant.

Tu ne me trahiras plus Alessandre, siffla-t-elle.

Mais déjà il disparaissait plus loin, s’éloignant d’elle. Mais il ne la fuyait pas ; il filait pour mieux la retrouver, attendant certainement qu’elle le rejoigne. La Carmine laissa son regard froid couler sur ses gens qui admiraient toujours le triste spectacle – dans les yeux se lisaient excitation ou angoisse, tout dépendait de leur provenance et de leur foi originelle. Ceux qui ne croyaient pas encore en la Rouge changeraient ou mourraient – cela lui importait peu tant que le trône lui revenait, au final.
Affrontant sans crainte aucune le regard des courtisans, elle emprunta la même direction qu’Alessandre, allant le rejoindre dans la salle du conseil.

Elle avançait lentement dans les longs corridors du palais royal, ses yeux s’accrochant au sang qui en tâchait encore les murs. Elle se rappela des cris d’agonie de ses ennemis, de leurs pleurs et supplications tandis que leurs gorges étaient tranchées, leur sang déversé offert à Mageia. Un sourire coula sur ses lèvres avant qu’elle ne se rappelle des mots d’Alessandre.
Le chien qu’on bat finit toujours par mordre. Ses sourcils se froncèrent et elle respira longuement avant de pousser la porte de la salle du conseil, accrochant à ses traits le masque que sa grand-mère lui avait appris à porter.

Elle le regarda, si beau dans sa colère. Et s’approcha soudainement, vint aussitôt saisir ses mains des siennes, remontant ses doigts vers son visage pour le caresser, tracer la ligne sèche de sa mâchoire, dessiner la courbe de ses lèvres.

Tu sais qu’à toi, je ne pourrais te faire aucun mal.

Son regard était sincèrement peiné. Il était le seul à ne pas craindre son toucher, à savoir son amour véritable. Mais il ne pouvait l’abandonner, il n’en avait pas le droit. Jamais.

Je te veux pour moi seule, murmura Sibille.

Elle le lâcha aussitôt, recula d’un pas. Ses doigts accrochèrent la robe qui tenait à l’aide d’une large ceinture à la teinte noire. Elle la détacha lentement, laissant les deux pans de sa toilette découvrir partiellement son corps nu. Ses yeux ne lâchèrent pas ceux d’Alessandre tandis qu’elle laissait l’une des épaulettes retomber le long de son bras. Elle revint auprès de lui, caressa à nouveau son visage, se mit sur la pointe des pieds pour l’embrasser mais s’arrêta tout près de ses lèvres.

Je t’aime Alessandre, et nous serons bientôt mariés. En gage de mon amour, je t’offrirai pouvoir, richesse et puissance. En gage de ton amour… je veux que tu m’offres un fils, susurra-t-elle.
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Alessandre Adiant
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MessageSujet: Re: Le sang sur tes mains, les chaînes à ta gorge [Sibille - Alessandre]   Le sang sur tes mains, les chaînes à ta gorge [Sibille - Alessandre] Icon_minitimeJeu 18 Juil - 22:43

LE SANG SUR TES MAINS
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Sibille – Alessandre
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Il aurait pu se laisser happer par la luxure. Lui offrir ce qu'elle voulait, incliner son buste, offrir sa verge comme un présent que les femmes avaient bien trop désirés. Quelque part, il l'avait peut-être voulu. Mais Sibille n'était plus de ces nymphes qu'il couchait dans son lit pour quelque minutes de bonheur. Elle n'était pas sa putain.

Et lui n'était pas son chien.

Oh il aimait sa caresse. Il frémissait pour un murmure, pour une envie, pour un sourire, pour un regard. Mais il n'était pas son chien, ne le serait jamais. Ce rôle en revenait trop bien à Togos, à tout ceux à qui elle avait ôté la capacité de réfléchir. Comment pouvait-elle encore être forte alors qu'elle contrôlait tellement de monde de ses mains rougeâtres. Comme pouvait-elle exiger alors que la magie aurait dû la laisser vide d'énergie. Mageia était une maitresse exigeante. Et, telle Sibille, elle en offrait toujours plus à ceux qui lui abandonnait leur homme. En est-il un jour eu une.

Alessandre la regarda, l'écouta.
Ses mots n'étaient que des vastes échos, que des murmures qui trouvaient à peine oreilles attentives. Elle voulait un fils ? Elle devait accepter d'avoir un père avant. Et le griffon refusait d'être celui qu'Arthos avait tenté d'être. Un mensonge, susurré aux oreilles et frappant son corps de coup violent dès le moindre échec. Il ne serait pas ça. N'offrirait pas à Nokrov un pion de plus pour la divine comédie des Sides.

Non, jamais.

Il la repoussa, le coeur battant trop vite, les sourcils froncés. Son amour hurlait au fond de ces yeux, croisé à l'inquiétude, croisé à la réflexion interdite. Il ne voulait pas que Sibille tombe. Il ne voulait pas qu'elle s'abandonne. Il aimait la femme. Etait terrifiée par l'Elue qu'elle devenait. Refusait le monstre qu'elle faisait grandir un peu plus dans le palais de Talumen. Ce n'était pas pour cela qu'ils étaient devenus roi. Par ambition, certainement. Sans aucune bonne volonté derrière leurs rêves de couronnes. Mais il avait sacrifié la brebis trop blanche et Alessandre avait ouvert les yeux sur ce qu'ils auraient pu être.... Et ce qu'ils étaient en réalité. Le tableau était un mensonge à ciel ouvert, un charnier sanglant dans lequel ils se baignaient sans frémir, avec le sourire.

Il refusait. Il ne voulait pas que Sibille, sa tendre Sibille, sa belle Sibille devienne ainsi. Il ne voulait pas devenir ainsi. Il voulait encore être capable de croiser son regard dans un miroir et observer la belle sans serrer autour de sa gorge gracile ses doigts si puissants. Il la sauverait d'elle-même. Dusse-t-il l'en faire souffrir.

Un fils ? Pourquoi ? En faire du bétail à sacrifier à Mageia  ? siffla-t-il, l'ironie suintant de ses paroles comme un poison bien plus cruel qu'amusé. Regarde toi Sibille ? A sacrifier une putain qui n'arrive même pas à ta cheville simplement car ma queue s'est fourrée dans son con ? N'as-tu pas la moindre idée du dégoût que tu m'inspires immédiatement ? Elle n'était rien d'autre qu'une pute. Pas même capable d'être défendue ou de se défendre d'elle-même. Et tu l'as tué simplement par... colère ? Rage ? Jalousie ? Voyons Sibille, tu vaux mieux que ça et toi-même le sait...  

Il ne lui laissait pas le temps de le couper, enchaînant ses mots comme autant de lames enfoncées avec fureur dans une âme. Seule sa respiration le coupa, instant de répit. Instant de folie. Elle pouvait le tuer d'un claquement de doigt. Peut-être désirait-il cela finalement ? Mourir de sa main pour mieux essayer de la sauver d'elle-même.... Le destin avait un drôle de sens de l'humour en les réunissant. Les deux enfants trop aimés. Les deux idiots trop aimant. Capable de s'entretuer pour être le plus fort. Capable de s'entretuer simplement par amour pour l'autre.

Mais Alessandre ne désirait pas un seul des mots qu'il soufflait. Oh il aurait voulu lui faire cet enfant tant désiré mais il n'offrait pas un regard à sa lourde poitrine, pas un murmure à ce corps qu'il avait tant de fois fait rouler sur le sol et qu'il avait tant de fois abîmé. Il voulait seulement garder cette fierté qui coulait trop fort dans ses veines. Fils de Talen et de nulle autre région. Pur produit de ce que Nokrov avait fait de plus vaillant et de plus têtu. Pur imbécile trop certain de sa puissance.
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