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 Alessandre 1

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Alessandre Adiant
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Alessandre Adiant
Moi moi moi : Alessandre 1 Blason
Messages : 29
Date d'inscription : 05/03/2019
Commentaires : Alessandre 1 Original

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MessageSujet: Alessandre 1   Alessandre 1 Icon_minitimeLun 27 Déc - 14:02

ALESSANDRE


résumé and 1676 mots:


La chevauchée avait été trop longue. Fourbus de courbatures, Alessandre et ses hommes ne s'arrêtaient que pour des pauses trop courtes dans les auberges accompagnant leur traversée. Ils ne visaient désormais plus Port Maeur, malgré les indications de la reine. Alessandre voulait savoir. Les images de la pièce, nombreuses, revenaient en boucle dans son esprit. Il voyait l'actrice, au teint plus clair que sa soeur n'avait jamais eu, relever ce cadavre incompris. Le roi peinait à imaginer Alyssa en compagnie d'un homme. Alors la penser avoir un amant... Sa soeur était trop jeune, trop pure, trop...

Il serra les dents. Depuis deux semaines, il n'avait desserré la mâchoire que pour aboyer des ordres. Jamais le chevalier n'avait été aussi désagréable et ses compagnons s'en moquait entre deux jeux de cartes et quelque ragouts immangeables.

Le village de pécheur, dont Alessandre n'avait jamais même entendu le nom, se distingua sur l'horizon. Les maisonnettes soufflaient les feux de cheminée que l'automne rendait obligatoire. Passé le lac, ils pénétreraient dans les terres de Talen. Chez lui... Les frontaliers empruntaient les habitudes des deux régions, parlant d'un patois que le roi peinait à comprendre. Il ne demanda pas une chambre en arrivant mais qu'on lui parle du fou. Les sourires se firent moqueurs. L'homme, au visage mangé par son séjour dans l'eau, marquait les esprits. Il voyageait depuis des lunes, à la recherche de quelque chose que personne en comprenait. Il avait remonté tant de chemin étroits et de passages dérobés que la foule se demandait comment il avait pu arriver en vie ici.

Hebergé par des paysans en mal de chansons, il ne fut pas difficile à trouver. Alessandre ne prit pas même la peine d'être accompagné. Il pénétra dans la minuscule habitation et fit crier de stupeur ses occupants. On en reconnaissait pas le roi. Les pauvres hères surviaient à la guerre mais n'avait jamais vu le visage de leur monarque, qu'il fût Krevis ou lui. Mais la présence de son épée, toujours, faisait trembler ceux qui n'avait eu la chance de naitre dans une aussi noble maison que la sienne.

— Ou est le voyageur ? questionna-t-il.
— Je...
— Il est là bas monseigneur... bégaya l'épouse, coupant son marie. Nous ne voulions pas le...
— Laissez-nous.

Ils détalèrent comme des lapins. Une épée, voilà tout ce dont le roi avait besoin. Nulle courage en ces lieux dont il ne connaissait l'allégeance. Juste sa présence de chevalier.

Alessandre ne s'attarda pas sur le détail et s'enfonça dans la maisonnette. L'absence de fenêtre rendait sa progression complexe. Seul le feu, dans l'âtre, animait les ombres de reflets ondulant. Mythes et légendes se rencontraient dans les flammes et, une seconde, il aurait juré croiser les iris avides de Mageia dans le rouge brûlant.

Le fou ne ressemblait en rien à ce qu'il aurait pu imaginé. Proscrit dans un coin, il marmonnait des paroles incompréhensibles. La moitié de son visage, dans l'obscurité, se tordait de relief qui n'auraient pas dû s'y trouver. Ses cheveux, autrefois foncés, avaient été blanchi par quelque chose qu'Alessandre ne pouvait même imaginer. Il releva des yeux terrifiés vers le roi et de ses lèvres s'échappa un sifflement suraigus. Il bondit sur ses pieds et fonça sur le chevalier, hurlant à s'en arracher la glotte.

Alessandre ne pu que réagir, et frappa en plein ventre le fou. Il tomba à terre, ses cris devenus plus graves. A travers ses larmes de douleur, Alessandre reconnu la terreur.

— Les yeux ! Ses yeux ! Nos yeux ! Les poissons ! Ils arrivent !
— Calme-toi, gronda le griffon.
— Elle est là ! Elle est violente ! Elle veut se venger et elle nous tuera tous ! Les poissons arrivent !
— Qui ?
— La fille du griffon, celle qui tue et qui parle aux morts.  Ses yeux là ! Ses yeux ! Elle nous a jeté par dessus bord et elle nous a détruit. Elle veut le sang et elle veut sa vengeance. Ne la laissez pas m'attraper !

Alessandre accusa le coup. Son coeur, brusquement, se mit à hurler plus fort. La fille du griffon... Il ne pouvait pas dire la vérité. Il n'avait pas le droit de dire la vérité. Sa soeur était une sauvageonne mais pas une meurtrière. Il ne revoyait que trop bien l'enfant courir dans les ruelles du port, ses cheveux en bataille et ses vêtements tâchés, hurlant à qui voulait l'entendre qu'elle serait elle aussi un puissant capitaine de bateau.

La colère gronda dans le coeur du griffon. Ses doigts, serrés par l'appréhension, agrippèrent le fou par le col. Entre ses doigts, le tissu de la chemise était rêche,, tel un bâton trouvé sur le bord de la mer. L'homme puait mais sentait, sous la crasse, l'odeur du sel.

— D'où tu tiens ces mensonges ?
— Me faites pas de mal monseigneur. Les yeux ! Ses yeux ! La fille du griffon était sur le même bateau qu'moi. Helvar en a fait sa...
— D'où tu tiens ça !
J'étais là m'sieur ! J'étais avec eux quand le bateau a été rasé ! Yeux ! Yeux !  J'étais là quand elle a détruit les îles. J'voulais la protéger mais...  C'est l'dieu des vatners qu'm'a sauvé ! D'ses yeux ! Horribles yeux ! Fallait raconter son histoire ! Faut protéger les Hommes de sa folie !
— Menteur ! cracha Alessandre.
— Les yeux ! Les yeux !

Il n'en tirerait rien de plus. Le roi lâcha le fou qui tomba au sol et rampa jusqu'à un coin de la pièce. Il répétait en boucle les même mots, hurlant que les poissons arrivaient.

Alessandre sortie de la maisonnette en trombe. Les propriétaires eurent un mouvement de recul en le voyant quitter la pièce mais il ne leur accorda aucun regard. C'est vers l'eau que le roi dirigeait son regard et vers l'étendue qu'il se dirigea. Les griffons, depuis toujours, trouvait un réconfort improbable dans le roulis des vagues et l'odeur iodée de la mer. Le lac n'avait rien à voir avec les espoirs d'Alessandre mais il s'assit sur l'embarcadère et ses doigts trouvèrent l'eau glacée.

Il ne pouvait se permettre de douter. C'était de sa sœur que parlait le fou. Alyssa était en vie, malgré toutes les paroles acides rapportées par les îles. Elle n'était jamais arrivée sur ces dernières après son mariage et si le griffon avait eu vent de la catastrophe déchirant les vatners, il n'y avait pas prêté attention...

Son poing frappa l'eau.
Alyssa était en vie.

Alessandre sentit ses traits se tendre plus encore qu'à son habitude. Ses sourires lui semblaient si lointain. Ils étaient restés à Talumen, aux côtés de Sibille.

La simple pensée de sa femme lui arracha un soupir. Si Alyssa parlait aux morts, comme il en avait eu la confirmation, il lui faudrait faire un choix. Le sang ou l'amour. Sibille attendait son fils. Alyssa était sa soeur. Il ferma les yeux. Trop de souvenirs aux creux de l'âme.

Alessandre devait prendre une décision qui ne lui appartiendrait jamais. Car les deux Déesses avaient choisi pour lui. Il avait commis le pire au nom de Mageia... Nox ne pourrait que juger ses actes et ce, par les yeux d'Alyssa. Les même yeux dont le fou hurlaient le nom en vain.

****

— Alessandre ? Nous avons reçu une missive de la couronne.

Le griffon n'avait pas quitté le bord du lac depuis plusieurs heures. Il releva la tête, avisant Etach. Le chevalier se tenait légèrement en retrait. Avait-il tant peur de ses réactions ? Un sourire fatigué étira les lèvres d'Alessandre. Etach avait raison. Le roi était impulsif et ses traits tirés ne présageaient rien de bon.

— Vous l'avez ouvert ? demanda le griffon.
— Elle t'est adressée... De la main de la reine.

Alessandre se releva et s'approcha de son ami. Il lui prit la missive des mains. L'écriture, étrangement, était celle de Sibille. Elle n'était pas passée par un scribe, fait assez surprenant pour être notifié. Alessandre l'ouvrit et les mots de la reine, accompagné du ton, ne lui offrirent rien de bon. Il ne devait plus se rendre à Port Maeur. Il devait rentrer. Vite. Tant d'impatience derrière la plume de Sibille, tant de plats cachés et d'espoirs mentit. Elle avait des idées derrière la tête. Des idées qu'il ne pouvait pas même imaginer. Car, en son départ, la reine était restée entre les mains des Asinis. Et si Alessandre aimait sa femme au delà de l'imaginable, sa belle famille le terrifiait. L'ambition feulait dans ses veines, plus qu'elle ne l'avait jamais faite dans celle de sa propre mère.

Les Asinis s'étaient installés à Talumen comme sur leur propre terre, oubliant que seule Sibille était à l'origine de leur victoire. Le père de l'Elue était un imbécile mais la grand-mère, cruelle petite femme engoncée dans des dizaines de tissus possédaient les yeux d'un aigle. Elle lisait en tous et coulait sur le monde un regard cruel. Alessandre avait été le premier à être jugé et il savait qu'aux yeux de sa belle famille, il n'était pas le choix parfait. Trop dissident. Trop colérique. Pas assez Asinis pour leur ambition cruelle.

Alors que son épouse appelle à lui de la sorte ? Qu'elle organise cette rencontre alors qu'il était absent ? L'idée ne venait pas d'elle. Pire encore...

C'était un piège.

Il n'y voyait nulle alternative. Un piège dans lequel les rebelles tomberaient. Dans lequel sa propre soeur se jetterait. Sibille ne savait pas. Il froissa la missive et la jeta dans l'eau. L'encre aurait tôt fait de dégorger dans le lac. Alessandre fixa le papier s'enfoncer dans les ténèbres avant de se tourner vers Etach.

— Nous partons pour le Temple Supérieur. Immédiatement.
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