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 ? - Tahir - 1

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Tahir Asinis
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Tahir Asinis
Messages : 18
Date d'inscription : 26/03/2019
Religion et région : Pas de foi / Vagabond (Origines : Carmines)

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MessageSujet: ? - Tahir - 1   ? - Tahir - 1 Icon_minitimeVen 3 Avr - 4:18

1. TAHIR

Résumé:


Les foulées de leurs montures étaient devenues insupportables aux soldats, pourtant, l’aigle ne montrait aucun signe d’une quelconque douleur. La faiblesse était pour lui chose inconnue. Toutefois, ses hommes s’épuisaient, ainsi que les chevaux. Il leur fallait une pause et c’est avec difficulté que Tahir leur en offrit une alors qu’ils approchaient de la frontière de Valen. L’odeur iodée de la mer leur parvenait déjà, lointaine mais douce, se mêlant au parfum de la forêt qu’ils traversaient. Arrêtés dans les sous-bois, les chevaux avaient été attachés aux branches tandis que les hommes se rafraîchissaient auprès d’un ruisseau, allumant de petits feux pour s’y réchauffer.

Tahir marchait parmi eux, son étalon à la robe baie avançant lentement à ses côtés. Ses profondes respirations soulevaient ses flancs avec difficulté et l’écume avait recouvert son poil lustré. Sous les pieds de l’aigle, des branchages craquaient, attirant sur lui l’attention de ses hommes. Les ramaliens inclinaient la tête à son passage, l’acceptant comme seigneur alors même qu’il ne l’était pas.
En raison de son âge et à sa demande, Vrekim avait pris la route avec les vatners, prenant la voie maritime pour le soulager des longues journées de chevauchée. Tahir avait hésité à le laisser à Aurovao, avant de finalement accepter qu’il les accompagne ; son esprit aiguisé serait nécessaire à la guerre. Ses paroles sages, un atout indéniable. Avant d’embarquer auprès des hommes de Vatn, Vrekim avait ordonné à ses hommes d’obéir à l’aigle des Carmines. Et dans les soupirs écœurés et les regards soucieux, les fidèles ramaliens avaient accepté.

Sur son chemin, Tahir se heurta aux regards sombres des hommes des sables, eux qui ne quittaient que rarement leurs terres et se refusaient à l’autorité des autres. Eux qui ne juraient que par leur sang, aussi doré que les déserts dont ils étaient issus. Le seigneur de guerre ne leur rendit pas leurs œillades, regardant droit devant lui. Que les miséreux qu’ils étaient crèvent dans leurs sables, il n’en avait que faire – lui avait une guerre à mener, des hommes à diriger.

Tandis qu’il marchait sans réel but, il entendit des bruits d’ajniha, semblables à des croassements suraigus suivis de claquements secs. Ses yeux fouillèrent les branchages au-dessus de lui, cherchant l’oiseau qui apportait certainement une missive. Un jeune homme au teint olivâtre claqua plusieurs fois de la langue, appelant à lui le volatile. Celui-ci déploya son long cou, descendant au cœur du camp en quelques battements d’ailes, allant se poser sur le bras du ramalien. Entre les serres de l’oiseau se trouvait un morceau de parchemin.
Tahir s’avança vivement dans sa direction et, d’un geste vif, saisit le pli. L’ajniha émit un claquement sec, reculant d’un bond sur le bras du ramalien. Dépliant le parchemin, le seigneur déchu en lut les lignes d’un coup d’œil. Aussitôt, son visage s’empourpra.

— Alshams, Aswad, rugit-il.

Les deux hommes, des lanciers à la lourde carrure qui étaient des officiers de Vrekim, approchèrent d’un pas vif. Alshams, dont le visage dur et au teint grisâtre lui valait le surnom de loup, était le plus discipliné des deux. Il devança l’autre et se mit au garde à vous.

— Monseigneur.
— Réunissez le conseil.

La voix de Tahir tonna, aboiement agressif aux oreilles des lanciers. Ils s’exécutèrent alors, allant à la recherche des membres du conseil. L’aigle s’avança d’un pas vif vers un écuyer qui s’occupait des harnachements des chevaux, le saisissant à l’épaule. Le garçon se retourna vivement, croisant avec effroi le regard sombre du seigneur.

— M’sire, bégaya-t-il.
— Trouve mes fils. Qu’ils me rejoignent à ma tente, et vite.

Le chiot se fit obéissant, filant la tête basse à travers le campement. Tahir le regarda s’éloigner, l’œil hagard, ses traits ne se tirant qu’un peu plus lorsqu’il aperçut les lieutenants de Vrekim réunis sur la tenture parée de l’aigle des Asinis. Ils l’observaient sévèrement, ne l’appréciant que peu – comme beaucoup d’hommes ici présents. Nombreux étaient ceux qui savaient que seules les ambitions de Tahir l’avaient emmené au cœur des sables et qu’autrement, jamais il n’aurait daigné poser les yeux sur les peuplades de l’ouest. Il n’avait jamais eu besoin que d’une armée et, pour des raisons mystérieuses aux yeux de tous, Vrekim avait décidé de lui offrir celle-ci.

L’aigle déchu, lui, savait pourquoi. Quoi qu’en disent les autres, quoi qu’ils en pensent, il avait aimé Luliwa. Et Vrekim le savait. Le carmoran avait au départ choisi les Ramales comme terre d’exil, et Natia lui avait servi de couverture. La belle Luliwa également. Puis il avait aimé tant son épouse que sa nouvelle identité, jusqu’à ce que la première disparaisse. La mort de son aimée avait arraché à l’âme de Tahir la paix, avait piétiné puis gelé son cœur. Et de tout ce monde qui s’effondrait, il ne lui restait plus que la vengeance – la reconquête.

Son regard s’était assombri tandis que l’aigle des Carmines songeait à ces années désormais lointaines au cours desquelles Luliwa avait éclairé sa vie. Une flamme délicieuse dans l’obscurité de son antre intérieur – avant que ne retombe la nuit éternelle. Il ferma les yeux et, dans une longue inspiration, s’avança franchement vers les lieutenants.

— Messeigneurs, un pli nous est parvenu par un ajniha. Des nouvelles de Vrekim, précisa-t-il d’une voix grave.

Les yeux des hommes des sables s’illuminèrent, eux qui ne respectaient que trop le vieux Siasa. Tahir, lui, sentait son cœur s’emporter sous une colère sourde. Vrekim était trop malin, même pour lui, et venait encore de le lui prouver.

— Quelles sont les nouvelles, lord Asinis ?

Les yeux de l’aigle remontèrent lentement vers le seigneur Alsaqir. Le puissant noble du sud des Ramales l’observait consciencieusement, guettant le moindre écart du carmoran au protocole. Le seigneur déchu affronta les billes sombres, sonda le visage à la peau d’ébène, plissant ses lèvres dans une mine méprisante. Lord Alsaqir était, des forces ramaliennes, l’un des lieutenants les plus influents et respectés ; pourtant, mis sous les ordres de Tahir, il se refusait à son autorité. Refusait de l’appeler général. Et le défiait de ses iris de nuit.
Tahir renifla, refoulant la moue de rage qui tiraillait ses traits.

— Lord Amal a reçu, avant notre départ des Ramales, une missive de Sibille. Elle proposait une rencontre afin de trouver une alternative à la guerre.

Lord Alsaqir fronça légèrement les sourcils tandis que les autres lieutenants, tous peu confiants vis-à-vis du seigneur carmoran, se pressaient autour du pli qu’il leur présentait, remarquant aussitôt le cachet de la maison Amal.

— Qu’a-t-il dit de cette rencontre ? demanda aussitôt le seigneur à la peau noire.

Tahir inspira longuement avant de répondre, tranchant.

— Il a accepté.

Sans même le consulter, traître qu’il était. Vrekim n’agissait que pour lui et le bien de sa famille – et si Qeder et Afi en étaient, ce n’était pas le cas de Tahir. L’aigle ne put réprimer un sifflement agacé, songeant qu’il pourrait très bien mourir lors de cette rencontre. Que Siasa pourrait bien le livrer à la Reine sanglante en contrepartie de la paix. Tahir s’imaginait déjà aux fers, ses yeux de givre croisant ceux, si semblables de sa nièce – et le rire cruel de la Carmine, le ciel déversant des pluies de sang.
Et l’ombre, terrifiante, de Mageia.

Il avait tant rêvé de sa mort. De cette scène terrible qu’il avait tenté d’enrayer autant que possible. Vrekim n’avait jamais souhaité agir, jusqu’à ce qu’on pose une couronne sur la tête de Sibille. S’il avait harangué les fils des sables plus tôt, soulevé une armée ne serait-ce que quelques mois auparavant, ils auraient pu éviter tout cela. Mais Siasa voulait plus – toujours plus – et l’idée de déplacer trop facilement ses pions l’excitait, lui qui espérait voir Qeder couronné.

Songeant à ses fils absents, Tahir tourna la tête et fouilla le campement du regard, ignorant les membres du conseil qui le pressaient de répondre à leurs questions. Il aboya les noms de ses fils à plusieurs reprises avant d’enfin les voir arriver. Afi avançait tête haute, trop fier et inflexible, tandi que son fils aîné avait le regard bas, comme craignant encore que son père le réprimande. Cela arriverait. Plus tard. Ils avaient d’autres sujets à aborder.
L’aigle regarda les conseillers dont les voix se mêlaient dans un ensemble chaotique, mélodie dissonante qui ne tarderait pas à lui donner la migraine. Ouvrant ses deux paumes devant eux, il leur servit son regard le plus sévère.

— Calmez-vous, gronda-t-il. Je dois tout d’abord vous informer des décisions de lord Amal et ensuite, vous aurez du temps pour parler.

Les lèvres cessèrent enfin de s’animer et les voix se turent ; Tahir soupira avant de reprendre, plus calmement.

— Lord Amal m’apprend dans ce pli qu’il a reçu, au matin de notre départ d’Aurovao, une missive de Sibille. Celle-ci lui a proposé une rencontre afin d’entamer des pourparlers et de trouver un terrain d’entente. Elle souhaiterait apparemment nous éviter une guerre qui ne ferait couler que trop de sang.

Il ne croyait pas un mot de sa nièce, elle qui avait grandi dans le sang et s’était abreuvée de sa magie dévastatrice toute sa vie durant. Il reprit pourtant.

— Siasa a accepté cette rencontre sans en informer son conseil. Dans ce pli, il détaille les conditions dans lesquelles se tiendra la rencontre avec Sibille. Elle a proposé que nous nous retrouvions au Temple Supérieur de Lux, et que seuls soient présents les membres importants de l’armée – comprenez donc les généraux et, évidemment, les Élus.

Tahir pinça les lèvres en prononçant cela. Ce couteau lové dans son dos, il ne le sentait que trop bien – Vrekim avait profité d’être sur le navire avec les deux Élus pour tirer cela à son avantage et forcer la réunion. Il savait très bien que, si les deux enfants des Sides avaient été avec l’aigle, celui-ci aurait refusé catégoriquement. Mais Tahir ne pouvait renoncer à ceux qui avaient le pouvoir de lutter contre Mageia et sa religion maudite.
Un goût amer dans la bouche, le général carmoran reprit.

— Selon les ordres de Siasa, nous nous rendrons donc à Dubh Sliabh. Il nous y attend sous quinzaine. J’assisterai à la réunion, ainsi que Vrekim, Hvitur, Karona et les deux Élus.

Aussitôt, des exclamations fusèrent de la part des ramaliens. Le seigneur déchu leva vers eux un regard sombre, se heurtant à leur fierté, trop farouche pour qu’il puisse les abattre à lui seul. Tahir ne dirigeait cette armée qu’en apparence – par son sang issu des Carmines, il n’était pas l’un des leurs et ne menait les troupes que parce qu’il avait été désigné par Vrekim pour le faire. Tandis que les secondes filaient, les clameurs des soldats se faisaient bourdonnement à ses oreilles. Le fier aigle réalisait peu à peu que le pouvoir qu’il détenait n’était qu’un mensonge, une chimère. Le champion de Khadlueba lui avait prouvé, encore une fois, qu’il détenait entre ses mains les cartes les plus puissantes du jeu.
Des cartes que Tahir ne pouvait avoir entre les siennes – car lui n’avait pas d’armée.

D’un pas menaçant, roulant de ses épaules finement musclées, le seigneur Alsaqir s’avança. Il défia le carmoran de son regard de rapace. Le faucon des Ramales, dominant de sa hauteur l’aigle déchu, laissait la colère s’accrocher à ses traits sans aucun voile ; sa mâchoire se contractait lentement, ses dents grinçant, comme un fauve prêt à attaquer. Mais des félins, lord Alsaqir n’avait pas que la sauvagerie. Son père lui avait transmis le nom des oiseaux de proie, mais dans ses veines roulait aussi le sang des pumas du sud. Féroces et trop agiles, les hommes de la famille maternelle de lord Alsaqir étaient des combattants redoutables.

— L’armée que vous dites vôtre est composée avant tout d’hommes des sables. Et ce sont des nokroviens que vous envoyez nous représenter à ce sommet ? siffla-t-il.
— Vous êtes tout aussi nokrovien que je le suis, grinça Tahir.
— Non. Je suis des Ramales. Et cette armée que vous guidez droit vers la guerre et la désolation est issue des Ramales. Nous ne vous devons rien, Tahir. Rien de plus que la misère que vous semez derrière vous.

L’aigle se redressa de toute sa hauteur, déployant son dos comme les ailes chimériques qui lui poussèrent à l’instant où il fit un pas en avant. Les rapaces se firent face, se défiant l’un l’autre, l’œil luisant de colère et de rancœur. Déjà les doigts de Tahir accrochaient le pommeau de son épée tandis que ses nerfs lui ordonnaient d’attaquer, de faire payer à cet homme son insolence.

— Lord Asinis.

Tahir fronça les sourcils en croisant le regard d’Isendre. Le fils de Talen, torse bombé et mine farouche accrochée à ses traits trop doux, ressemblait plus que jamais à un homme. Les jours et les semaines de voyage semblaient dompter peu à peu l’enfant fougueux en lui pour en faire un soldat, ou même, un semblant de seigneur. Le griffon regarda les rapaces qui brûlaient d’envie de s’affronter enfin, un air sévère planant au fond de ses yeux. Bouffé d’audace, il osait ainsi interrompre le seigneur des Carmines – celui-ci eut un rictus amer.

— Pour qui te prends-tu ? cracha Tahir.
— Je suis lord Adiant, et vous me devez le respect, tonna Isendre. Dans cette guerre, il est nécessaire plus que jamais d’être soudés. Nous ne sommes plus aux Ramales, à l’abri des remparts d’Aurovao. Désormais, nous sommes en route, nous marchons droit vers les feux des batailles. Croyez-vous qu’il soit judicieux de se déchirer ainsi ?

L’aigle garda un visage fermé, observant d’un œil austère cet adolescent qui grandissait bien trop vite. Qui prenait conscience de son pouvoir. Et qui faisait preuve de lucidité quant à l’unité dont ils auraient besoin face à un ennemi trop puissant. Si eux avaient deux Élus dans leur camp, Sibille avait ses créatures de malheur. C’était un atout non négligeable, et hélas, le fils du griffon avait raison.

— La demande de lord Alsaqir est légitime, reprit le jeune homme d’un ton plus calme. Il nous faudra envoyer au conseil des ramaliens, en plus de lord Amal, afin qu’ils y soient représentés en plus grand nombre.

Tahir plissa légèrement le nez et, croisant le regard victorieux du seigneur au faucon, il grogna, désapprobateur. Pourtant, il accepta d’un hochement de tête avant de balayer le camp du regard, réfléchissant à qui il emmènerait. Alors qu’il ouvrait la bouche pour parler, Isendre reprit, bien plus rapide, d’un ton assuré.

— Lord Alsaqir assistera à la réunion, ainsi que vous, lord Tahmas.

L’aigle déchu posa sur le griffon un regard mauvais. Profitant de ces titres auxquels il semblait s’habituer bien trop vite, il prenait des décisions qui ne faisaient qu’affaiblir un peu plus le carmoran. Et c’était là quelque chose qui ne pouvait que l’inquiéter – car son pouvoir déjà factice volait en éclats avec autant de facilité qu’un verre tombé au sol.
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