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 Synsivik 1

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Sibille Asinis
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Sibille Asinis
Messages : 68
Date d'inscription : 05/03/2019

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MessageSujet: Synsivik 1   Synsivik 1 Icon_minitimeSam 1 Jan - 19:38

LES JEUX DE SIASA

Synsivik 1



Les flots roulaient lentement sous la coque du navire et Synsivik s’habituait peu à peu à la vie en mer. Ils se nourrissaient d’aliments séchés lorsqu’ils ne pêchaient pas. Tout ici avait goût de sel, même l’air lui-même. Et au-dessus d’eux, les soleils brillaient si forts qu’ils brûlaient leur peau déjà aride. Le prince se sentait gagner en force ; si exposé à la chaleur de Lux, il pouvait ressentir son pouvoir qui de plus en plus gorgeait ses veines. Son sang devait se faire d’or désormais, car malgré les nuits courtes que lui permettait sa cabine, la toute-puissance solaire semblait l’envelopper.
Un affreux oiseau aux couleurs vives, que les Ramaliens nommaient ajniha, était arrivé ce matin-là. Sans laisser personne s’en approcher, le vieux Vrekim avait pris le pli entre ses serres puis était allé s’enfermer dans sa propre cabine, un étrange sourire aux lèvres.

Synsivik avait observé son manège avec intérêt – il ne connaissait pas le vieux Siasa, mais appréciait le respect qu’il avait à son égard. Contrairement à Tahir ou encore Alyssa, le sage reconnaissait ses titres et son rang, et semblait être un allié puissant. Songeant à la fille de la nuit, le jeune prince regarda autour de lui ; il la vit, au bout du pont, observant l’horizon. Ne cessait-elle jamais de se perdre dans le lointain ? Toujours si pensive – elle, peinait à honorer sa déesse. Il s’avança vers elle, ses pieds craquant sur le pont. Il n’eut pas le temps de l’atteindre qu’un garçon au teint olivâtre les appelait.

— Pardonnez-moi messire, ma dame, mais Siasa vous demande.

Le prince arqua un sourcil et se détourna de l’Élue de Nox, allant vers la cabine. Dans la semi-obscurité, le vieillard n’avait pas perdu son étrange rictus. Il avait le visage du complot, pourtant, Synsivik peinait à se méfier de lui – malgré la couleur de sa peau qui ne lui inspirait rien de bon, Vrekim restait un allié utile et précieux.

— Asseyez-vous, souffla le vieux Siasa.

Son souffle semblait faiblir au fil du voyage, peut-être l’air iodé le dérangeait-il. Synsivik s’assied sagement, et Alyssa en fit de même.

— Nous n’irons pas immédiatement à Talen, annonça le vieillard sans plus de détours. Nous irons d’abord à Dubh Sliabh. Là-bas, nous rencontrerons nos ennemis afin de trouver une alternative à la guerre. Avez-vous une idée de ce que cela veut dire ? demanda-t-il mystérieusement.

Synsivik pinça les lèvres, osant un regard vers Alyssa. La furie en elle se dresserait-elle contre cette décision ? Ils devraient de toute manière parvenir à s’entendre – de l’union du jour et de la nuit, l’avenir de Nokrov en dépendait. Sa réaction ne se fit pas attendre. Fronçant les sourcils, elle siffla :

— Cela veut dire qu’ils n’hésiteront pas à nous enfoncer une lame dans le dos, comme ils l’ont fait des Iseal. Vous avez accepté cela sans nous en informer.

La furie en elle rugissait déjà. Aux mots de la griffonne, le vieillard eut un sourire étrange – comme chacun de ses rictus, au final, se dit l’Élu de Lux. Mais bien loin de ses autres expressions, celle-ci avait quelque-chose de trop lointain, quelque-chose qui dépassait les deux jeunes. Si à eux, on leur demandait de vieillir trop vite, Siasa avait eu tout le loisir de le faire avec lenteur. L’âge s’était emparé de lui jour après jour, et l’expérience l’avait bâti. Il croisa ses doigts et se pencha un peu sur le bureau, comme un vieux conteur prêt à leur raconter une histoire de magie.

— Vous n’avez pas connu la guerre, dit-il simplement. Aucun de vous deux n’a jamais vu les hommes tomber, l’un après l’autre, avant que toute une armée ne s’effondre. Vous n’avez pas connu le cri des mères voyant leurs petits disparaître derrière un coup de lame, les pleurs des veuves, le rugissement des orphelins. Vous n’avez rien connu de tout cela. Vous êtes né à l’âge d’or de notre monde et, hélas, vous en connaissez aussi la chute. Mais laissez-moi vous dire que cette réunion n’a qu’un seul but : trouver une issue à la guerre.

Il se redressa.

— La reine attend probablement un enfant. Elle souhaite le préserver, lui interdire tous ces jeux de batailles et de mort. Elle désire la paix, désormais, et ces pourparlers ont pour but de nous éviter à tous le trépas ; le comprenez-vous ?

Synsivik se redressa, ses yeux pâles ne concertant pas Alyssa avant de dire d’une voix pleine de ferveur :

— Je comprends. Peut-être Sibille n’est-elle pas si vicieuse qu’on le croit – ou peut-être la grossesse l’a-t-elle adoucie ? On ne pourra le savoir qu’en la rencontrant.

Il regarda enfin la griffonne.

— Nous devrions lui laisser une chance. Peut-être n’aura-t-on pas à mener la guerre et les batailles à venir ? Ne préférerais-tu pas cela, plutôt que d’avoir à combattre ton propre frère ?

Alyssa serra les dents et les poings et son regard noir n'échappa à personne. Mais avait-elle vraiment le choix ?

— Mon frère a fait son choix, Synsivik. Peut-être pourrions-nous le faire changer de voix mais actuellement les affaires de famille passent bien au-delà de la vie de tous. Même enceinte, Sibille voudra toujours le pouvoir. Elle a détruit Talumen. Pensez vous vraiment qu'une  lionne comme elle voudra autre chose que protéger son petit ? Plus d'adversaire signifie plus aucune chance de voir mourir sa progéniture.. Mais soit... Le choix semble de toute manière déjà avoir été fait.

Synsivik baissa les yeux après avoir évoqué Alessandre. Il avait touché une corde trop sensible, qu’il fit vibrer en un clin d’œil. La colère d’Alyssa se fit palpable, elle avait l’œil noir, des œillades qu’elle n’offrait qu’à trop de monde. La ténébreuse Élue l’effrayait lorsque Lux n’était pas là ; il était à la merci de ses humeurs, trop exposé dans l’ombre qui lui appartenait.
Mais Siasa resta de marbre, pire, son sourire resta statique sur son visage. Elle transféra son regard sombre à Siasa. Elle avait toujours semblé apprécier le vieillard, mais à cet instant, s'insurgeait d'avoir encore une fois été laissée dans l'ombre.

— Pourquoi nous convoquer maintenant ? Notre avis n'est, de toute manière pas requis puisque nous ne sommes que des enfants…
— Vous êtes des enfants très spéciaux, précisa-t-il. De ceux dont les légendes chantent les exploits. Je tenais à ce que vous soyez prêts à cette réunion. Que vous sachiez que dire, et que faire.

Il reprit son souffle avant de toussoter. A vue d’œil, malgré son intellect resté intact, le vieux Siasa faiblissait sous le poids de l’âge.

— Savez-vous quelle sera votre mission lors de ce sommet ? Vous devrez prouver à Sibille que vous êtes, à vous deux, bien plus forts qu’elle seule.

Il tendit sa paume devant lui le temps de retrouver une respiration plus normale, demandant aux deux jeunes gens de ne pas le couper avant qu’il n’ait repris. Lorsque son souffle retrouva son rythme, il reprit d’une voix ahanante.

— Il est une chose à savoir sur les Asinis : il n’est qu’une chose qu’ils aiment plus que le pouvoir, et c’est eux. Ils s’aiment les uns les autres, malgré tout ce qui a pu arriver avant la naissance de Sibille, c’est la pure vérité. Ils prendront toujours soin les uns des autres, quoi qu’il arrive et quoi qu’ils disent. Qu’ils se menacent entre eux, qu’ils se combattent, leur amour sera toujours plus fort. Sibille est une lionne, certes, mais justement, elle protégera toujours les siens. Elle est bien consciente que la guerre lui coûtera tout : son époux, sa chère famille, son enfant. Elle sera de ces veuves et de ces orphelines qui hurlent à la mort, comme tout le monde. Et elle éviterait cela par tous les moyens du monde. Fusse-t-il passer par la paix. Me comprenez-vous ?

Synsivik hocha vivement la tête sous l’œil vitreux du vieillard. Vrekim tentait de reprendre son souffle, il avait porté une main à son cœur faiblissant, et toussotait encore.

— Et Tahir ? N'est-il pas un Asinis ? Ne peut-il donc pas intervenir ?

Alyssa n'avait nulle autre justification à offrir. Comme toujours, les hommes prenaient les décisions et elle se contentait de suivre, comme le voulait son statut de femme. Synsivik hocha silencieusement la tête, songeant qu’il était normale qu’elle ne fasse qu’obéir. Elle ne répondit rien d'autre. Ses bras ne se décroisèrent pas. Seul son regard, à peine, s'était adouci. Le vieil homme semblait mal au point. Les deux Élus l’avaient remarqué et cela inquiétait Synsivik. Vrekim était un allié de taille, un homme qu’ils ne pouvaient se permettre de perdre. Alyssa n’offrit nulle pitié au vieillard faiblissant, pire, elle le confronta. Il sourit pourtant à ses mots, montrant la paume de ses mains devant lui.

— Tahir a été exclu depuis bien longtemps. Mageia est guide, Mageia est foi. Et Mageia a dit qu’il n’était plus de Tahir.

Synsivik observa Vrekim le regard sombre. Celui-ci n’avait donc aucun pouvoir sur le monde ? Pas plus que Tahir n’en avait, visibilement. Cela confirmait le sentiment de supériorité du prince, persuadé de porter à lui seul la lumière. Il leva alors le menton.

— Si Tahir n’a aucun pouvoir, pourquoi pense-t-il pouvoir nous diriger ? Il ne fait que se servir de nous et des talents que nous possédons.

Le vieux Siasa sourit. Derrière ses rictus, Synsivik savait bien que c’était lui qui tirait les ficelles.

— Tahir a le pouvoir qu’il a. Il n’en a juste pas auprès des Asinis. Les seuls de leur maisonnée à posséder du pouvoir sont Sibille et Tréla. Les autres ne sont que des pions – des pions qu’elles aiment, mais des pions tout de même.

Synsivik balaya la conversation d’un geste tandis qu’Alyssa quittait la pièce, furieuse. Le prince la regarda faire, l’œil critique. Ne savait-elle donc toujours pas communiquer ? Elle se laissait aller à ses humeurs, constamment, agissant en enfant capricieuse. Reposant un regard calme sur Vrekim, Synsivik le confronta la voix amère.

— Vous auriez dû nous en parler avant d’accepter.
— Si je l’avais fait, auriez-vous accepté ?

Il laissa un temps pour répondre à Synsivik, mais celui-ci resta muet. Un sourire toujours aux lèvres, Siasa reprit.

— Certainement pas, non… Mais soyez rassuré, mon garçon, je n’agis pas bêtement. Tous mes actes sont calculés et je ne prendrais pas le risque de vous envoyer à la mort. Vous savez combien vous êtes précieux. Vous êtes Élu et héritier de la couronne…
— Effectivement, confirma le prince. Je ne dois pas mourir, surtout pas pour une bête réunion.
— Contentons-nous de préparer au mieux cette réunion et d’espérer trouver une alternative à la guerre.

Synsivik hocha la tête et, après un silence de plus, il quitta la cabine pour retrouver le soleil. Sous ses rayons, Lux le rassurait, même silencieuse : elle était toujours là, près de lui, et ne le laisserait jamais mourir aux mains de Sibille.
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