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 La cour sanglante

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Feuran Séitéir
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Feuran Séitéir
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MessageSujet: La cour sanglante   La cour sanglante Icon_minitimeLun 9 Déc - 16:03


Lys était déjà là, assise en face de Virtus. Il lui racontait une histoire qui amusait grandement la seascannienne. Une grand sourire sublimait son visage. Lys avait rarement été aussi belle, légèrement maquillée dans sa robe orangée au corset tout de perles et de bordures d'or. Le soleil de sa pseudo famille s'étalait sous sa poitrine, ourlé de fleurs compliquées. Elle resplendissait, peut-être même un peu trop.

Feuran n'eut pas le temps de s'abandonner à la contemplation de sa soeur alors qu'un domestique lui indiquait sa chaise. Virtus ne lui offrit pas un seul regard, obnubilé par Lys et sa poitrine mise en avant par le tissu trop serré de son corsage. Il ne s'en formalisa pas.

La salle à manger était immense. Aux murs avaient été accrochés des tableaux présentant des scènes de chasses et d'immenses paysages que Feuran identifia comme ceux des Carmines. Le sol y était dur, les arbres brûlés par les flammes. Il devait faire très chaud dans les nids des Asinis. La peinture d'un énorme sangérav présidait la pièce, s’étalant sur toute la longueur d'un mur.

Feuran se releva brusquement, alors qu'entrait Sybille et derrière elle, Alessandre. Le futur roi salua d'un bref signe de la tête l'ambassadeur et la reine lui offrit un doux sourire. Le seascanien inspira avant de s'incliner, suivit de sa soeur qui se tendit d'une révérence parfaite.

— A TOI :P
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Sibille Asinis
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Sibille Asinis
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MessageSujet: Re: La cour sanglante   La cour sanglante Icon_minitimeMer 11 Déc - 20:29

LA COUR SANGLANTE

Sibille – Feuran


Sibille, parée tant de beauté que de monstruosité, avançait dans les couloirs de sa démarche la plus noble. Ses yeux trop clairs fixaient chaque domestique avec minutie, les incitant à courber l’échine comme jamais ils ne l’avaient fait. Ils abaissaient alors buste et tête dans le plus grand des respect, s’inclinant comme s’ils avaient fait face à Mageia elle-même. La déesse souriait dans l’ombre, filant contre les murs, suivant les pas de la Reine, la fierté accroché au visage. Face aux courbettes, un sourire ourla les lèvres de la Carmine, suintant l’orgueil.

Elle arriva devant le salon dans lequel elle dînerait avec quelques membres de son conseil ainsi que deux nouveaux arrivants à la Cour. Une lady des Seascannes ainsi que le fils du Baron. Le seigneur autoproclamé des marécages n’avait daigné se déplacer, envoyant sa progéniture le représenter auprès de sa Reine. Celle-ci s’en était offusquée en privé, crachant qu’Eiti paierait pour cet irrespect. Mais publiquement, elle n’en montrerait rien.
Mais tourmenterait son enfant jusqu’aux tréfonds de son âme.

Les yeux de Sibille passèrent sur Alessandre, qui l’attendait. Il n’était pas encore couronné mais avait déjà la stature d’un Roi. Pourtant, l’amour dans ses yeux semblait éteint et seule une indifférence marquait ses traits, un mépris directement adressé à son épouse, blessant celle-ci d’une griffure, une plaie immonde qui tarderait à se refermer. Il ne lui adressa pas un regard et, son orgueil profondément blessé, la nouvelle Reine en fit de même, pressant la poignée de la porte pour entrer dans le salon. Drapée d’orgueil, elle posa un regard inquisiteur sur les nouveaux venus, leur adressant toutefois son sourire le plus délicat.

Les seascanniens s’inclinèrent, ainsi que Virtus. Les lèvres de Sibille se plissèrent dans un sourire des plus mesquins à l’égard du conseiller. Elle ne l’aimait pas, lui qui ressemblait bien trop aux vipères des Carmines sans pour autant en être une. Il s’abaissa plus bas que les autres, lèche-cul qui se disait simple courtisan, le plus fidèle parmi les fidèles. Foutaises. Il n’était qu’une carpette pour la Reine. Rien de plus.
Elle s’assit à sa place, en bout de table, indiquant d’un hochement de tête que les autres prennent place aussi. Lorsque ce fut fait, elle ordonna d’un regard qu’on serve le vin et regarda le fils du Baron. Son sourire se fit plus grand, acéré, adressé directement au rouquin qui ne lui faisait nul honneur. C’était Eiti qu’elle voulait. Pas l’un de ses chiots sauvages qu’il appelait fils.

Messire… Excusez-moi, quel est votre nom ? demanda-t-elle d’un ton doucereux. Pardonnez-moi pour cet affront, j’ai été fort surprise d’apprendre que notre cher allié, le grand Scriosta Coróin, ne se déplaçait pas en personne. Mais je suis curieuse de vous découvrir, vous, ainsi que lady Grian. Il est rare de voir des natifs des Seascannes ailleurs que dans leurs marécages.

Disant cela, elle but une gorgée de vin, entendant dans son dos le rire sinistre de Mageia. Elle reprit aussitôt, ne leur laissant pas le temps de rétorquer.

J’ai hâte que vous me parliez un peu de votre région. En tant que Reine, je me dois de connaître tant mes sujets que mes terres, n’est-ce-pas ?

Elle sourit un peu plus, ses yeux plantés dans ceux du bâtard. Elle avait posé des bases qu’ils ne sauraient ignorer : les Seascannes n’étaient rien de plus qu’un mystère en ce monde. Ce n’était ni une position spécialement stratégique, ni même le refuge de grands guerriers. Rien qu’une terre de secrets, couverte de boue et habitée de païens. Et l’enfant du Baron ne représentait rien pour elle – pas plus que son père qui brillait par son absence. Qu’ils se tiennent tranquilles et ploient le genou. Elle ne demandait pas plus que cela. Pour l’instant, tout du moins.
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Feuran Séitéir
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Feuran Séitéir
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MessageSujet: Re: La cour sanglante   La cour sanglante Icon_minitimeJeu 12 Déc - 14:09

Puis ils s'assirent, sur un hochement de tête de la reine. Elle ordonna aux domestiques de servir le vin et, enfin, Virtus s'éloigna du décolleté de Lys. Sous la table, les doigts de Feuran se seraient, non de rage mais d'inquiétude face au sourire doucereux de Sibille.

Messire… Excusez-moi, quel est votre nom ? demanda-t-elle d’un ton doucereux. Pardonnez-moi pour cet affront, j’ai été fort surprise d’apprendre que notre cher allié, le grand Scriosta Coróin, ne se déplaçait pas en personne. Mais je suis curieuse de vous découvrir, vous, ainsi que lady Grian. Il est rare de voir des natifs des Seascannes ailleurs que dans leurs marécages.

Lys inclina le visage, les lèvres ourlés d'un sourire qui, pour une fois, ne charmait pas. Elle se contentait d'être présente et d'offrir un soutient noble aux mots de son demi-frère.

— Mon père faisait face à quelque... problèmes avec des bannis de notre région, déclara Feuran. Il s'excuse d'ailleurs platement de son absence. Je me nomme Feuran et, tant que Sa Majesté le jugera bon, je resterais sans nom de famille. Seulement fils du seigneur des Seascannes.

Son père se serait étouffés en l'entendant s'exprimer de la sorte, lui qui ne désirait ni nom ni titre qu'il n'avait gagné dans le sang et les larmes. Feuran n'était aussi idiot que son paternel. Il savait, parfaitement, qu'à la cour, les seigneurs s'ornaient de blasons et de nom pour que tous puissent les reconnaitre. Un jour, Eiti mourrait. Et il ne laisserait derrière lui que des bâtards se déchirant son empire comme l'auraient fait les chiens d'un os.

J’ai hâte que vous me parliez un peu de votre région. En tant que Reine, je me dois de connaître tant mes sujets que mes terres, n’est-ce-pas ?
— Tout à fait votre Majesté. C'est également pour cela que nous avons été envoyé avec Lady Grian. Nous vous avons d'ailleurs apporté certain présents qui vous ferons découvrir notre région.

Il tapa alors dans ses mains, appelant certains serviteurs préalablement prévenus. Les bijoux n'étaient, pour Feuran, qu'une petite courbette supplémentaire. Le véritable présent étant le jeune lins, au bois encore si petit et aux yeux dorés brûlants d'inquiétude. Capturé jeune, il n'avait jamais connu la sauvagerie et en devenait bien plus malléable que ses frères.

Feuran se leva de tables, s'approchant du félin. Autour de sa gorge, un collier chargé de magie avait été déposé, ensorcelé par la créature de son père. Par intermittence, des filets rougeoyants s'enroulaient autour du morceau de cuir, témoins silencieux de la magie.

— Mon père l'a chassé en personne. Les lins, bien dressés, deviennent les créatures les plus fidèles qui puissent exister. Leur force n'est en rien comparable à celle de vos sangéravs mais lui rentre dans un palais et peut surveiller votre chambre des assassins. Il n'a pas encore été nommé.
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Sibille Asinis
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Sibille Asinis
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MessageSujet: Re: La cour sanglante   La cour sanglante Icon_minitimeSam 28 Déc - 15:42

LA COUR SANGLANTE

Sibille – Feuran


Pour un fils de rien, un homme de la roture et de la bâtardise, Feuran s’exprimait plutôt bien. Elle qui s’attendait à un sauvageon au langage abrupt, Sibille en était agréablement surprise. Toutefois, le fils du Baron lui prouvait une fois de plus le manque d’expertise de son père : Eiti rencontrait des problèmes. Encore des problèmes. Toujours des problèmes. Un rictus effleura les lèvres de la Reine, les tordant dans une mine cynique.

Feuran, bon courtisan qu’il semblait être, frappa dans ses mains. Des serviteurs surgirent sous le regard froid de Sibille, amenant des bijoux et des parures qu’elle observa d’un œil narquois. Les Carmines fournissaient les plus belles pierres de Nokrov ; la citadelle de Sardius était accrochée aux falaises et les mythes disaient du Palais Écarlate qu’il était taillé à même le rubis et la cornaline qui emplissaient les mines.
Contemplant d’un œil absent les présents qui pleuvaient à la table, les pensées de Sibille allèrent un instant à sa maison qui lui manquait toujours ; elle songea un instant à l’immense statue de Mageia, sobrement nommée Reine-Sang, qui déployait toute l’expertise des artistes carmorans. Elle s’était tant arrêtée face à elle, ses yeux scrutant les pierres précieuses qui avaient façonné la Rouge, l’avaient dressée sur la place principale de la cité.

Puis revint soudain au repas, tandis que Feuran reprenait la parole, présentant un animal dont le collier était chargée d’une énergie que Sibille ne reconnaissait que trop bien. Ses yeux se plissèrent, observant les chaînes de l’animal qui le retenaient par la magie. Ce même don qui coulait en ses veines, et qu’elle pensait réservé aux Élus. Les Seascannes détenaient encore la magie, et cela l’inquiéta un instant. Elle tendit sa main pour qu’approche l’animal, un lins, une bête adorable et encore jeune qui deviendrait sans doute féroce.

Agrios, murmura-t-elle.

Roulant délicatement le R, offrant à l’animal un nom venu des Carmines, usant de ce langage réservé aux siens, Sibille le laissa venir à elle, effleurer ses doigts de son museau humide, la renifler. Elle souffla, paroles adressées à la bête.

Ese einè moy.

Il releva le museau, la fixant de ses yeux sauvages. Elle sourit, retrouvant un peu de ce qu’elle était étant jeune. Bien avant d’être fille de Mageia, avant de plonger dans la foi et l’ambition. Son sourire toujours aux lèvres, elle releva la tête vers Feuran.

Je vous remercie de ce présent, Feuran. Et vous remercierez votre père également. C’est une bête magnifique et qui me donne envie de connaître un peu plus votre région. J’aimerais que vous m’en parliez un peu. Mais avant…

Son regard se fit plus froid, sondant le fils du Baron.

Eiti rencontre des problèmes ? l’interrogea-t-elle d’un ton sourd. Votre père n’est seigneur de rien, pas tant que je ne l’aurai pas désigné comme tel. Il n’est qu’un usurpateur dans ses terres de boue et de mystère. Or il a bien des choses à me prouver, à commencer par sa capacité à tenir la région qu’il s’est appropriée.

Son sourire ne s’était pas éteint, resté accroché à son visage trop doux. Sibille restait cette Reine rigide dans ses mots, ses sous-entendus, ses menaces à peine voilées. Toutefois, ses traits restaient apaisés et elle se refusait à la colère. Pas en public. Pas si facilement. Buvant une gorgée de vin, elle reprit aussitôt, méfiante vis-à-vis de ces alliés trop incertains qu’étaient les seascanniens. Elle n’oubliait pas qu’à leur premier échange, Eiti l’avait insultée. Dame Sibille. Elle n’était pas une dame. N’en était plus une depuis des semaines. Elle était Reine.

Êtes-vous ici pour obtenir de moi une alliance, ou une armée ?
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Feuran Séitéir
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Feuran Séitéir
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MessageSujet: Re: La cour sanglante   La cour sanglante Icon_minitimeDim 29 Déc - 17:58

Les yeux de la reine se plissèrent en voyant le lins. Elle s'approcha de l'animal immobile, leur regard se croisant sans s'affronter. Feuran se recula, légèrement, observant la carmine caresser le félin. Entre ses poils si clairs, les doigts de la reine n'en paraissaient qu'encore plus blanc.

Agrios, murmura-t-elle.

Le R fut rouler, avec une délicatesse que Feuran n'avait que rarement entendu. L'accent des Carmines soufflait, chantonnait. Il était bien plus doux que celui des terres de Talen mais s'offrait la dureté du Nord.

Le lins releva le museau alors que les mains de Sibille se rapprochait de ce dernier. Il huma son odeur avant d'entrouvrir les babines sur ses crocs déjà bien trop immenses. Sa langue sortie, happant de nouvelles flagrances.

Ese einè moy. ajouta-t-elle dans un souffle.

Feuran sentit sa soeur se tendre, légèrement, sur son banc. Il tourna le visage dans sa direction et elle lui offrit un regard noir. Durant une seconde, Lys avait sentit quelque chose qui échappait au trop humain fils du Baron. La magie, sans aucun doute, qui s'échappait de cette langue ancienne parlée par la reine et les rares élus de sa couronne.

Lui inspira. Et n'expira qu'en croisant le regard de celle devant qui il devait s'incliner. Elle avait un sourire sur les lèvres. Doux et bien plus beau que ceux qu'il avait vu jusqu'ici. La beauté de la Carmine n'était un secret pour aucun et nombreux étaient déjà les contes à son sujet. On la disait au dessus des hommes, digne représentante de Mageia. En cet instant, Feuran ne pouvait que jurer sa perfection douloureuse.

Je vous remercie de ce présent, Feuran. Et vous remercierez votre père également. C’est une bête magnifique et qui me donne envie de connaître un peu plus votre région. J’aimerais que vous m’en parliez un peu. Mais avant…

Son regard se fit plus froid, sondant le fils du Baron.

Eiti rencontre des problèmes ? l’interrogea-t-elle d’un ton sourd. Votre père n’est seigneur de rien, pas tant que je ne l’aurai pas désigné comme tel. Il n’est qu’un usurpateur dans ses terres de boue et de mystère. Or il a bien des choses à me prouver, à commencer par sa capacité à tenir la région qu’il s’est appropriée.

Son sourire ne s’était pas éteint, resté accroché à son visage trop doux. Sibille restait cette Reine rigide dans ses mots, ses sous-entendus, ses menaces à peine voilées. Cette reine qui faisait frémir le fils de rien. Elle ne le lui rappelait que trop bien. Son père avait prit le pouvoir par la force, ne s'assurant de l'allégeance d'aucun noble. Et il l'envoyait, lui qui ne croyait qu'au sang bleu, pour mieux payer de ces agissements. Tout en Eiti transpirait la trahison et l'incident diplomatique. Quelle erreur avait pu commettre Feuran pour que son père risque ainsi sa vie ? Oh il n'en savait rien. N'en redoutait que plus les batons qu'on pouvait placer sur sa route.

Alors sur les lèvres du jeune homme flotta un ersatz de sourire. De celui qui transpira autant la crainte que la suffisance.

Êtes-vous ici pour obtenir de moi une alliance, ou une armée ? clôtura Sibille.

Il releva les yeux jusqu'aux siens, surprit de leur couleur glacée si particulière. Les mots se bousculaient dans son esprit. Chacun pouvait être interprétés, analyser. Ici, au sein même de la cage au lion, il n'était rien d'autre qu'une poussière qu'on pouvait nettoyer d'un geste.

— Mon père désire s'allier avec la couronne, répondit-il. Les Seascannes n'ont jamais réellement plié le genou. Comme bien des régions rebelles, elles se targuaient de leur indépendance face aux tigres. Eiti désire vous les offrir comme présent de sa bonne volonté. En échange, il ne souhaite que l'appuie de la couronne dans ses fonctions de suzerain. Et la légitimation de notre maison.

Il inspira, avant d'ajouter.

— Qu'en aux problèmes des Seascannes, croyez bien qu'ils doivent déjà être réglés à l'heure où nous parlons. Il a préféré s'occuper personnellement d'affaires qui aurait pu mettre à mal la paix d'une région vous appartenant pour vous l'offrir dans les meilleures conditions.

Feuran inclina alors légèrement la tête, cherchant dans les yeux clairs un soutient, même infime. Ses mots lui semblaient mauvais, ses paroles dangereuses. Dans son dos, le fils de rien essuyait déjà ses mains moites. Les dragons des Seascannes ne devaient, en aucun cas, inquiéter la couronne. Car la présence de Nevenoe était comme une épine dans le pied d'un pendu. Inefficace.
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Sibille Asinis
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MessageSujet: Re: La cour sanglante   La cour sanglante Icon_minitimeLun 30 Déc - 19:59

LA COUR SANGLANTE



Sibille – Feuran



Elle écouta les mots prononcés par Feuran avec attention, plissant légèrement les yeux avant de hocher lentement la tête. Ses yeux coulèrent vers Alessandre, espérant de son Roi un peu de soutien, ne serait-ce qu’un mot. Mais son visage fermé lui indiqua qu’elle n’obtiendrait rien de lui. Pas d’aide, pas une parole. Il lui en voulait – la haïssait peut-être même. Retenant la peine qui voulait lui arracher son masque de perfection, Sibille reposa les yeux sur le bâtard des Seascannes.

Eiti voulait une alliance. Lui offrir les marécages des Seascannes si la Couronne lui offrait nom et légitimité. La Reine inclina légèrement la tête sur le côté, son regard s’embrasant derrière mille émotions. L’ambition, l’opportunisme, brûlaient dans ses prunelles de givre. Un feu glacé qu’elle lançait à Feuran comme un désir, un ordre, une réclamation.

L’anoblissement est une grande récompense, Feuran. Une récompense qui se mérite, prononça-t-elle d’une voix claire.

Elle fit une pause dans ses mots, ses yeux défiant le bâtard de reprendre avant qu’elle n’ait achevé son discours. Dans son esprit, les pensées fusèrent. Elle pouvait accepter, offrir un nom ainsi que les Seascannes à Eiti immédiatement. Ou alors elle pouvait attendre. Le prendre au creux de sa main et lui demander de faire ses preuves.
Eiti n’aurait aucune raison de se tourner vers le camp adverse. Eux qui n’avaient qu’une Reine en fuite et une région trop aride. Eux qui n’étaient qu’un ramassis de sauvages. Des hommes des sables et des insulaires des Îles de Vatn. Sibille était sa seule solution. Sa seule Reine. Un sourire effleura à nouveau les lèvres de la Reine et elle leva légèrement le menton.

Votre père semble vouloir mon soutien, et je veux les Seascannes. Ainsi, la Couronne accepte de vous considérer comme alliés.

Elle réfléchissait chacun de ses mots, repensait chaque décision avant de les prononcer et ses lèvres cessèrent soudain de parler, se refermant pour se plisser. Elle avait entendu bien des choses concernant Eiti et ses pratiques. Un barbare. Un homme qui ne voulait que le pouvoir. Et sans légitimité, il prenait celui-ci par la force. Rien ne pouvait promettre à Sibille qu’il ne se tournerait pas vers ses ennemis. Un barbare parmi les barbares, voilà ce que serait Eiti dans le camp de Tahir. Elle devait le prendre, maintenant, dans l’instant, comme allié.
Lui offrir ce qu’il demandait afin de ne pas perdre un point de contrôle supplémentaire.

La Couronne accédera aux demandes de votre père. Vous porterez un nom, vous aurez mon appui en tant que suzerain des Seascannes. Je ne demanderai qu’une chose en échange…

Ses yeux passèrent sur tous les visages, les sondant avec attention, lisant dans leurs âmes comme des livres ouverts. Derrière Feuran vers qui son regard revint, l’ombre de Mageia grandissait contre le mur. Ses yeux sanglants rivés sur son Élue, réclamant ce qui lui était dû.

Je souhaite que vous vous convertissiez à la foi de Mageia. Que vous reniiez vos autres dieux, quels qu’ils soient. Que vous ployiez le genou devant elle comme vous le ferez devant moi.

Elle leva un peu plus le menton, ses yeux hésitants entre les silhouettes de Feuran et de Mageia, incertains, tandis qu’elle entendait feuler la Reine-Sang. Elle n’avait pas droit à l’hésitation. Elle n’avait jamais eu ce droit.
Sibille détourna finalement la tête dans un soupir imperceptible. Et, faisant cesser les discussions politiques, elle regarda une servante qui attendait auprès de la table qu’on lui donne des ordres. Ses lèvres s’étirant dans un sourire mièvre, la Reine ordonna :

Que l’on serve le repas. Nos invités ont suffisamment attendu. Et le temps est maintenant aux réjouissances.

Elle tourna la tête vers les deux venus des Seascannes, et leva lentement son verre vers eux, son sourire mielleux aux lèvres et une étincelle sournoise dans le givre de ses yeux.

A notre nouvelle alliance, prononça-t-elle, doucereuse.
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